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POÉCLIC 2024...
des "poèmes offerts"
au rythme de nos corps

Printemps des poètes

Une soixantaine de poètes, sensibles à l’esprit de notre opération et enthousiasmés par le travail réalisé avec nos élèves, ont, pour la quatrième fois, répondu à notre appel et écrit, spécialement pour eux entre un et dix poèmes respectant l'habituelle contrainte de notre opération : intégrer, dans le texte, au moins l’un des dix mots « au rythme de nos corps » : 

adrénaline, échappée, prouesse, hors-jeu, aller aux oranges,

faux-départ, champion, mental, s’encorder, collectif

Tous les poèmes offerts sont des inédits écrits spécialement pour les élèves des lycées français d'Amérique latine rythme sud et d'Europe du Sud-Est.

Un magnifique cadeau et un corpus inédit pour découvrir la richesse de la poésie francophone d’aujourd’hui.

Découvrez ci-dessous l'anthologie

 

 AU RYTHME DE NOS CORPS

6POÈTES PAR-DELÀ OCÉANS ET CONTINENTS

et très prochainement, sur cette même page, les lectures expressives et commentaires

proposés par nos élèves pour chacun de ces poèmes.

Vous pouvez également télécharger l'anthologie au format PDF : CLIC CLIC... 

Anthologie Poéclic 2024
Sommaire

Joëlle Abed

les chagrins s’enchaînent

la joie s’encorde 

le bateau ne sait plus où donner du large 

 

quand je passe près de l’un deux

mon regard lui caresse la coque 

fouille cherche dans les algues vertes de son tirant d’eau 

de quoi nourrir l’oiseau 

qui plonge les chagrins dans la joie 

la joie dans les chagrins 

 

ainsi au petit d’homme 

que l’on promène le long du fleuve 

lui poussent des ailes aux yeux et à la corde 

des pieds qui sautent 


 

Marie Alloy

Est-il fugitif

ce temps   délivré de soi ?

L’instant de plonger 

retient notre respiration

 

Sous les mouvements du corps  

  ̶  remuent nos transports

Entre les temps de pause    

̶  revivent nos approches

Entre les jeux du hasard et du désir 

nos efforts   avec ou sans retour

pour nous encorder   

comme à je ne sais quoi   je ne sais qui 

nous accorder à l’instant

̶  pour la prouesse  peut-être   pour la joie 

d’une échappée merveilleuse

 

À force de courir à temps

ou de prendre un faux-départ

et perdre la partie

être hors-jeu

̶   qu’il est doux alors   

de laisser filer  les prouesses

comme promesses au vent

au rythme de nos corps !


 

Jacques Ancet

PASSAGE DE LA NAGEUSE
 

Elle a la mouette, le vol qui passe,

l’arbre et ses signes, le battement,

l’espace bleu, l’ordre du souffle,

elle a comme un long voyage. Elle a

la lenteur, le temps perdu, gagné,

le vertige des gouttes, le nombre

qui s’ajoute au nombre, l’échappée

soudaine. Elle a ce qu’elle n’a pas.


 

Silvaine Arabo
 

Le rougoiement des éclats fait naître les matins clairs 

La poudre du jour
les disperse

 

Année-lumière de l’avant-jour 

Échappée belle dans le hors-jeu

 

Instant où le temps se fait démesure 

Beauté radiante que tisse la lumière 

Transparence où air et eau semblent s’unir

 

Incarnats
sur les turbulences de la chair.

 

*

 

Concerto pour un soupir


Quel rire soudain perce le crépuscule ? 

À la croisée des chemins
Quelle musique de là-bas ?

 

Sur la pointe des pieds l’enfance 

La mer
Un déchirement bleu s’encorde 

Sur les derniers oiseaux d’octobre

 

Portes secrètes
Dans l’air transparent des jardins.

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Les poèmes sont présentés par ordre alphabétique des noms de leurs auteur.e.s.

 

Pour plus d'informations sur les auteur.e.s rendez-vous sur la page POÈTES PARTENAIRES...

... CLIC CLIC

Alexis Bardini
 

Quand des enfants inquiets

Bâtissent des royaumes

Là juste là sous mes yeux en vacances

Guidés par le désir ou par l’adrénaline

Ils ont le rouge au ventre 

Et le front silencieux

De ceux qui vont commettre 

Sur des fautes de jeu

Des prouesses sans parole

Pour une gloire ou bien pour vivre

Un instant comme un dieu

Samantha Barendson

Je nage

l’adrénaline emplit mon corps à chaque brasse

l’air me manque, j’avance dans une pluie horizontale

 

Je nage

au milieu des champions, des nageurs papillons

j’avance au rythme mien, celui des nuages dans le ciel

 

Je nage

j’avance vers une rive certaine, à l’aller comme au retour

il me faudrait un mental d’acier pour oser la nage en pleine mer 

 

Je nage

j’oublie le collectif, il n’y a que moi et les éléments

l’eau du grand bain, le ciel et la caresse du vent, parfois la neige

 

Je nage

mon unique prouesse est de nager un kilomètre – mille mètres 

que je décompose en tranches de 25 mètres, mathématique de l’eau

 

Je nage

parfois freinée par un faux-départ, une crampe, une gorgée imprévue

le liquide ami devenu ennemi le temps d’une parenthèse où je pourrais me noyer

 

Je nage

échappée du rythme infernal du quotidien professionnel, pause-déjeuner

j’oublie de manger, j’avale un à un les mouvements qui nourrissent mes muscles

 

Je nage

pas de mi-temps pour aller aux oranges, le kilomètre se nage en une seule fois

brasse après brasse jusqu’à l’épuisement des vitamines et des minéraux du corps humide

 

Je nage

parfois je voudrais m’encorder à l’autre rive, traverser les reflets bleus des mosaïques

accrochée à un élastique qui me ramènerait en une parfaite ligne droite d’écume blanche

 

Je nage

je joue contre moi-même, contre la montre parfois, contre les autres nageurs hors-jeu

qui n’en savent rien et m’ignorent, je nage, je nage, je nage et jamais je ne coule
 

Jean-Marc Barrier
 

jus de ciel

mon ventre encore novice

trop de bleu pour un seul corps

et de tout ce bleu embrassé

la prouesse de nos adrénalines

mes doigts sur l’air 

sans l’arrêt de ta peau

 

*

 

je penche vers les eaux

tu penches vers les sables

deux herbes deux ombres qui tremblent

et le mât du soleil debout

sur nos coeurs apprentis

l'échappée belle où la nuit prolifère

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Stéphane Bataillon
 

Aller aux oranges

En rentrant chaque soir
je me sens toujours un peu 

hors-jeu

seul le jus de fruits
que tu presses chaque matin    
peut me remettre en selle

 

vers la nouvelle mi-temps
du reste de ma vie. 

*

Endurance

Soutenir ton regard

face aux bris de confiance

 

pas d’échappée possible.

 

*

 

Les exploits

 

Au cœur de ma forêt
il y a toutes ces prouesses
que j’accomplis pour toi

mais toujours impossible
de te les reproduire

 

par quel sortilège ?

 

*

 

Capacité
 

Fortifier le mental
pour tenter la victoire

au risque d’affaiblir

l’intuition première.

 

*

Témoin

 

Sentir l’adrénaline
accompagner la course

se dire que peut-être
nous pourrions la garder

qu’il suffirait d’un signe
au passage de témoin. 

 

*

 

Lutte

 

Corps à corps
sans répit

mais pourrais-je seulement
m’encorder à ton âme ? 

 

*

L’esprit d’équipe

 

« Il faut jouer collectif !»
s’écrie le manager

avant d’humilier
chaque gréviste

 

un par un.

 

*
 

L’élan
 

Ce matin

j’ai envie
de dévorer le monde

 

mais l’eau glacée
me douche

 

-- faux-départ.

 

*

 

Sur le podium
 

Nous sommes tous les champions
de nos rêves

inaboutis.

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Albertine Benedetto

Vite la vie tout vite

à bras le corps 

sans faux-départ

une échappée vers 

l’éternité de chaque instant

nous sommes les fous sacrés 

de la vie dans tous ses états

champions anonymes

d’une course contre la mort

hors jeu la mort hors champ

ici et maintenant nous nous encordons

pour franchir avec nos rires 

les murs qui nous divisent

nos prouesses sont le partage et la tendresse

pour tout ce qui vit

Marilyne Bertoncini

Une Corde sans fin

 

Beaucoup de mots contiennent une corde :

On s’accorde et on s’encorde, 

c’est la concorde ou la discorde :

Miséricorde !!!

 

Si on tressait bout à bout toutes ces cordes qu’on prononce -

Cordelette et cordon,

Cordage et corde raide,

Et les cordes vocales,

Les cordes de son arc…

 

On obtiendrait un long filin

Qui ferait le tour du monde,

Un cable pour atteindre le ciel et les étoiles,

Un lien pour tous les humains…

 

Si on tressait bout à bout toutes ces cordes :

Chiche ?

Clément Bollenot

Au matin le ciel est blanc et tout est blanc d’ailleurs 

autour des arbres qui vagabondent entre nos corps 

échoués là par hasard
à bout de souffle

hors jeu

 

Poumons, ventres, tensions, rythme cardiaque 

nous respirons
trop vite
nous respirons trop fort

nous devons
reprendre pied
écouter l’échappée des chants du vivant à l’orée des forêts 

ralentir

 

Nos coeurs s’encordent
boum boum boum boum
les pulsations cherchent l’équilibre
boum boum boum boum
quelque part entre faux-départs et premières étoiles 

boum boum big bang
on attend l’heure la plus froide du jour
celle qui recoud nos cicatrices
régénère nos peaux taguées par la vie

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Yves-Jacques Bouin

L’amour des mots : le regard

L’amour de la parole : la gorge

L’amour de l’écriture : la main

L’amour des sons : le cœur de l’émotion

L’amour de la poésie : l’échappée

 

*

 

Écouter les mots comme 

                                                 la plus pénétrante des mélodies

Goûter les mots comme 

                                                 le plus succulent des mets

Admirer les mots comme 

                                                 le plus souriant des visages

Accueillir les mots comme 

                                                 la plus intime des caresses 

Comprendre les mots comme 

                                                 la plus sidérante des énigmes

 

Quand le sens encorde au corps les instants fragiles de la vie

Julien Bucci

Par défaut : faux départ

 

10

course de fond

9

à partir de

8

mots en verlan

7

faux-départ

6

ou fait réel

5

la coupure

4

et souffle et

3

coup de pompe

2

encore elle refait,

mêmes gestes

1

fond de course

2

deux tirs, pars à

3

l'envers en mots

4

par défaut

5

elle refait ou

6

pur coup là

7

essoufflée

8

pompe deux coups

9

faits réels, corps en 

gestes mêmes

10

Ce poème est basé sur une structure palindromique non pas lettres à lettres mais syllabes à syllabes. Il s’agit de neuf vers redits deux fois : une fois à l'endroit, une fois à l'envers (ou plutôt en verlan). Le mot palindrome est emprunté au grec palindromos qui signifie « qui court en sens inverse ». 
 

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Luminitza C. Tigirlas

Le corps de la flûtiste est invisible 

les sons portent ses lèvres 

à travers la haie entre nous :

la passiflore déplie ses lianes 

veut s’encorder avec mon ouïe

 

Hors-jeu la flûte me transporte, 

me rappelle aux mânes célestes

—aux bons esprits des ancêtres—

ils me soufflent le mot flûtomâne 

je ris à leur prouesse verbale


 

Âme échappée à un faux-départ, 

la voisine matutinale

pince ce jour les cordes d’un ukulélé

le dieu Pan s’instruit à son tour


 

Valérie Canat de Chizy

mon échappée

du dimanche matin

 

ne requiert nulle prouesse

juste une poussée d'adrénaline

 

pour retrouver les quais du Rhône

à petites foulées

 

les arbres du parc les écureuils

 

les poules d'eau les oies

les canards au bord du lac

 

une bulle d'air

pour lâcher le mental


 

Judith Chavanne

À J. et P. 

 

Si peu souvent encore, ils sortent de leur vie, 

de leur quartier, pavillons rangés

entre des rues perpendiculaires, 

de leur jardinet : lierre 

et arbres qui tiennent serrée entre ses murs

la maison de presque toujours. 

    

 

La mer ne les appelle plus, ni les mouettes

dont ils entendent pourtant encore le cri

mais elle bruit en eux, la mer, mais ils ont les livres

et la fleur familière bien qu’inconnue

qui perce le bitume. 

 

Désirent-ils autre ailleurs, autre échappée, 

si proches de mourir, que ces instants

où l’intuition de la vie s’approfondit ? 


 

François Coudray

s’encorder à l’image ?

s’en échapper ?

la traverser

laisser l’air glacial l’adrénaline 

couler en moi

veine où 

s’élancer dans la pente

attaquer la pente

vaincre la pente sans répit 

la chevaucher faire

corps

avec la pente 

 

la terre la roche le tapis

des herbes sous la neige

la neige muscles souffle muscles lui

répondre 

 

et la trace 

n’est que trace traversé le poème 

s’efface

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Ariane Dreyfus
 

HORIZON

 

J’efface ma vie. Je l’ai toujours effacée.

La page est toute blanche parce qu’elle a disparu

Pour l’instant je n’y vais pas.

 

Une femme me dépasse pour s’approcher de la mer

Bras nus et simple tee-shirt, elle tourne et retourne ses poignets

Ouvre et referme ses mains qui vont la porter 

Bientôt suspendue

 

Trapèze jamais vu, un arc d’acier posé sur la falaise s’étire

Vers le ciel empli de nuages

Elle y monte par une corde qui retombe en boucles sur l’herbe

    

À six mètres de haut elle se lâche à moitié

Belle courbe de la tige, comme si, accrochée d’une seule main 

Elle pesait plus lourd

    

Le bras s’étire en gravité, en pliant un genou

Tout le corps tourne à 180 degrés, lentement le souffle

Fait durer la force des doigts serrés

 

Corps qui bouge très lentement, pour le sentir au-dedans 

Elle est

Presque aussi pensive que la tour ancienne trouée par endroits

À côté d’elle, mentale

Ne suffit-il pas ?

Un souffle de vent a le temps de passer

 

Puis l’autre main, celle qui est libre et fragile, 

Tend l’index pour toucher la ligne blanche jamais perdue

 

La reprendre à pleines mains, se hissant

Regarder ce qu’on revoit

    

Puis le quitter encore, insensiblement basculer en arrière, 

Pieds se posent quelques secondes, puis touchent l’air, 

Le ventre se contracte et les jambes s’élèvent

Étreignant le métal résistent au poids 

D’une tête humaine, paupières tressaillent

Elle laisse pendre tout son corps

 

Suspendue dans le vide et en vie 

 

Tenir, le temps que le visage reçoive

Autant l’air que la pensée

 

Les mains ont lâché ce qu’elles serraient si fort 

La peau des joues se déplace, le tissu s’écarte de son buste

Encore le vent même si personne ne veut s’envoler de là

    

Peu à peu les cuisses se tiennent seules sur la ligne 

La douleur est un appui qu’elle reconnaît, les bras

S’ouvrent petit à petit, sensibles balanciers

 

Maintenant ses muscles la dessinent toute

 

Après la marée descendante un rocher immobile vient

De se réveiller et reste les yeux ouverts

 

Moi aussi je respire encore

Poème inspiré par la circassienne Chloé Moglia -  Horizon - Par Chloé Moglia - KuB

Chantal Dupuy-Dunier
 

La poésie, échappée du langage quotidien, 

s’élance vers un pays 

où l’homme partagerait graines et sources,

notes de musique et couleurs,

étreintes et baisers,

où le mot « guerre » n’existerait plus,

où…

 

*

 

S’encorder pour ne pas se perdre,

pour que le chanvre oublie les pendaisons.

Un lien collectif créé pour gravir.

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Sylvie Durbec

SUR UNE BRANCHE RESCAPÉE DU DÉSASTRE

 

Encordé de feuilles et de fleurs

champion du temps qui passe

j’ai croisé l’amandier ce matin

 

Ne me posez pas de question

sur le désastre en cours ni sur

les guerres du passé ou à venir

 

S'est échappée sa prouesse

son désir dans le pot à eau 

s’est avivé avec la tendresse 

 

Aucun faux-semblant ni détour

dans le désir de l’amandier dé-

pouillé d’une branche coupée

 

À se maintenir encore en vie 

sur la table où l’enfant mange

parfois joue et parfois écrit 


 

Étienne Faure

Dix secondes et cent mètres

Mental haut

Mental bas

Les bras et les jambes obéissent

Oh hisse

Jusqu'à la victoire.


 

Stéphanie Ferrat

l'échappée

que nous aimerions suivre

belle, dans la ligne

la folie des bleus

dans le contact

de la main allant vers la bouche

âme et pissenlits ensemble

encordés dans légèrement

 

Odile Fix

en amont de terres pâles

de bris d’herbes sèches

ceux-là courent

sur le fil cendré de l’horizon



 

irrigués de miels dans

la levée crépusculaire



 

si souple est

l’échappée de leurs corps



 

ils s’embrasent

en lisière d’un ciel nocturne

 

oscillent



 

une phrase lointaine

longuement

se consume

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Gaëlle Fonlupt

Hors-je

 

Dans ta bouche j'ai bu l’amer et c’est déjà 

la sentence trop douce du petit jour

ta façon d'essuyer ce que ton ombre a dit 

 

c’était comme ça les murs épais c’était 

peut-être tu ne vois pas le drap très rouge 

ventre défait tu m’encordes à ton oubli 

 

la main voudrait : l’échappée

un verger bleu 

la porte sourde

aller aux oranges des premières nuits 

Romain Fustier

mental

un pont sentimental

de retour

dans ce passé

où le lièvre abondait

mon père venait enfant

je suis le dernier

à pouvoir

savoir

des choses

que je ne sais pas


 

Albane Gellé
 

Larmes de lion tout à l'heure

viens, on va ouvrir la fenêtre 

ça ne dérangera personne 

et un peu de sagesse peut-être 

entrera.  Puis doucement, 

on s'encordera, on tentera

une échappée. 


 

Réginald Gaillard
 

Au long, rivière échappée, sortie

de son cours trop sage— comme

seins hors de leur corsage,

rivière échappée, enfouie, disparue

sous terre, quand un homme cherche —

en tout hors des usages, des tractations —

homme cherchant, ultime prouesse,

 à s’encorder à l’invisible,

cruel invisible, crocs plantés

dans les jarrets du destin.

 

J’ai porté à la bouche de cet homme perdu

une éponge gorgée d’un jus d’oranges,

cueillies dans le jardin de mon enfance amère

gardé jalousement par trois cerbères ,

mis hors-jeu par trop de tendresse,

endormis par le soleil,

adoucis par notre amour

attendris par notre paix.


 

Élisabeth Granjon
 

Une larme tiède

s'échappe de douceur

s'effondre dans mon cou

dévale sur ma peau

 

C'était juste un faux départ

 

Je ne pleure plus

Avec ardeur je peins

sur mon visage consolé

une victoire pour demain

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Luce Guilbaud

1.

Au hand- ball tu es champion

tu sautes tu cours tu fais des bonds

pour attraper le ballon

    lancer le ballon

        défendre le ballon

tu t’entraînes pour décrocher la lune

on te bouscule    c’est sans rancune

bientôt tu feras la UNE !

2.

La montagne est belle 

et je marche d’un bon pas

une marmotte me siffle au passage

j’avance je grimpe entre les anémones

j’irai plus haut

jusqu’au bleu des gentianes

jusqu’au sommet

et sur le col quelle prouesse !

je déploierai mes ailes

et je volerai parmi les choucas.

 

3.

Partir à dos de vague

sur un bateau à voile

partir pour une échappée

à tire d’aile à vol de nuit

à papillon léger

partir pour l’étoile au grand cœur

épinglée sur mon oreiller

partir sans bagage

    en tournant la page.

 

4.

Je suis une fugueuse de nuit

sur l’encolure du vent

j’ouvre une échappée entre les nuages

et je récolte les rêves éparpillés 

dans le bleu de nuit

quand je traverse la fenêtre

je n’ai plus d’âge

petite fille ou vieille femme

rien ne m’arrête la nuit est double

sans envers ni endroit

les bras ouverts je vais

vers l’au-delà de moi

où je sais que tu m’attends.

Georges Guillain

TE METTRE À ÉCRIRE UN PETIT POÈME

 

faire un poème petit plus grand n’est ni plus facile

ni plus difficile que de faire un poème grand plus petit

 

Pascale Petit, Construction d’un igloo, 2023.

 

tu vas écrire ce poème

pour t’amuser avec les mots

ces dix serrés sur le podium

comme un amas de champi(gn)ons

et témoigner ainsi qu’écrire

est le propre de l’homme

 

pourtant pas de pression

aucune adrénaline

pas besoin d’être un crack

ni premier en français

d’avoir mental d’acier

d’être même inspiré

 

si prouesse il y a

elle ne sera pas

d’emprisonner les mots

dans d’obscures pensées 

mais de les libérer

suivre leur échappée

mieux les imaginer

 

vive les faux-départs

 

tu peux tout transformer

barrer recommencer

t’en remettre au hasard

écouter le parlage

des sons et des images

 

tes lettres font équipe

et jouent un rôle actif

au sein du collectif

tes vers entre eux s’encordent

tu dois rester sensible

à leurs liens invisibles

 

enfin pas de hors-jeu

les règles ça se change

et même quand on veut

on peut y mettre un terme

ou bien dix si c’est mieux

comme dans ce poème 

- c’est l’heure de manger -

qui ramasse dans l’herbe où ils seront tombés

ces globes parfumés au pied de l’oranger

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Sabine Huynh

En temps de guerre

 

En temps de guerre on découvre

Qui sont les champions au fond

Qui est dénué de colonne vertébrale

Qui est doté d’une boussole morale

 

En temps de guerre on cherche

Les chevaux sauvages avec qui courir 

Les amis avec qui rêver d’oranges 

Les poètes avec qui créer des langues 

 

En temps de guerre on retrouve

Son souffle dans la poésie sombre 

Ses yeux dans les échappées d’horizon 

Sa mémoire dans les poèmes à forme fixe

 

En temps de guerre on s’encorde

Aux prouesses des collectifs de Justes 

Aux noms et aux vies des disparus

Aux aubes qui enfantent des chants d’amour


 

Anna Jouy
 

Place vide, ne tente rien

N’encorde rien

Ni mon cœur, ni mon corps

Place vide,

Ne m’attache pas

 

C’en est trop de ces faux-départs

Le rêve m’échappe et tu me retiens

Petites morts des choses

Du lit, des bagues, des roses

De ficelles

D’un vent trop léger pour des prouesses

D’élans d’éveils

Amples, vifs

De sursis

Place vide, laisse-toi prendre

Au silence d’une main

Devenue si absente

Qu’à toi elle ressemble

 

*

 

La main se tend

Je prends le relais

C'est à moi d'écrire l'avenir

Je m'échappe, je rêve 

En corps 

M'élancer, m'étirer

Courser le lievre des sursis 

La main ne donne jamais 

De faux départs

Elle garde la prouesse

Du nuage

Un exploit tendre 

Dans mon effort 


 

Claire Lajus
 

Le réveil de l’eau

 

dans la cour

un chat penché

il boit

sa toute petite langue va et vient

la surface de l’eau tremble puis ondoie

des ronds s’étirent et

                glissent jusqu’aux bords

 

l’eau sombre se réveille

le corps vibrant

                           s’éclaire

plus elle frémit plus elle s’approfondit

les ronds se multiplient

                          deviennent plus grands

 

l’eau se souvient

                         elle pourrait être lac

                         elle pourrait être delta

                                       ou même estuaire 

 

ignorant sa prouesse

le chat relève la tête s’éloigne

déjà la flaque s’est rendormie

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Cédric Le Penven

 

     Ce matin 5 février 2024 est un faux-départ. 

     La nuit a été blanchie par plusieurs incursions de notre fils dans le lit, parce que sa barque prend l’eau. Sa peau cherche notre peau, et ce n’est qu’encordés les uns aux autres que nous trouvons enfin le sommeil, juste avant la détonation du réveil.

     Ouvrir les yeux, sortir du lit, trouver un pantalon et toute une journée en déséquilibre, à chuter sans tomber, sans jamais s’y ajuster, voilà notre prouesse aujourd’hui.

     Personne pour nous applaudir, et pourtant… 

     Nous sommes des spécialistes du hors-jeu.

     Nous sommes des champions ordinaires.


 

Isabelle Lévesque
 

Hors-jeu, la perte 

 

Balle filée entre nos jambes,

elle glisse, l’échappée finale

au rang de jeu nouveau.

 

Encorde-toi sévère

au lien de ton équipe

sans perte de vitesse. 

Le corps épuisé de course

passera le relais

(prouesse du coeur).

 

Béatrice Machet

 

confession d’un guépard

 

le comble de l’impair 

 

ce jour-là

 

fut de faire un faux-pas

 

                                          imaginez la scène : 

                                                                      elle me gazelle un œil inquiet

                                                                      je titube

                                                                      elle bondit       la voilà échappée

 

        au final : match nul plus une débauche d’adrénaline bien inutile ! 

 

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À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
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À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
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Amandine Marembert

 

potagers recouverts de neige

le long des rails 

tas de bois empilés 

isolés à flanc de montagne

 

le linge sèche d’un vent ensoleillé

encordé

au-dessus de la neige



Samuel Martin-Boche

 

D’où viennent les poèmes 

et nos corps

jetés trop tôt dans la course 

on cherche en vain une direction

après le faux-départ

tu joues la vie hors-jeu

 

*

 

D’un trait d’union 

l’un à l’autre encordés

les arbres 

se sont mis à marcher 

lentement mais les oiseaux

ont pris un faux-départ

s’enfuient avant

le premier coup de feu

du poème


 

Cédric Merland

 

Trois poèmes


 

Un peu
après la nuit
le réveil
quitter la ville sans crainte d'un faux-départ

 

*

 

alors les corps malgré tout l'épuisement
se reprend et oublie faux-départs faux-espoirs faux-semblants

L'échappée
au coeur
une nouvelle fois

 

*

 

on ne sait pas
on ne sait pas
l'échappée
dans l'absence
le coeur lourd
au bord des nuits
ces faux-départs de l'adolescence jusqu'à retrouver

les heures perdues
 

Simone Molina

ainsi

avons nous tissé nos vies

dans le creux de l'Histoire

 

au-delà des frontières

nous n'imaginions 

ni le vent froissant nos visages

ni l'échappée du rire

ni même un retour

 

patiemment 

avons nous tressé 

les brins du rêve

                       filaments de lumières

                       corde pour un rappel

 

un jour de prouesse vive

nous avons inventé un exil 

comme on va aux oranges

 

désormais 

où que nous soyons 

une autre terre nous traverse

un autre ciel nous attend

 

alors 

nous sommes devenus 

                                      des oiseaux  

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Guylaine Monnier

 

Quand je serai grande

j’aurai un rêve ou deux

Je prendrai le second

et le mettrai

hors de portée

du premier

 

1er

le guetter par la fenêtre

(film ou conte — intérieur jour ou nuit)

 

2e

monter des chevaux

pour être le grand galop

(échappée — extérieur jour ou nuit)

 

*


 

faux-départ, rencontrer des marelles, sauter au ciel

gravir des échelles d’allumettes

et atteindre le petit bois

 

*


 

Quand tu dis j’ai le droit de chanter

quand tu tapes et sautes

tu parles de carrosses et de sorcières

tu rigoles par la fenêtre, des grelots dégringolent 

tu montres en bas l’herbe touffue sous les orteils

prouesse, tous tes pas à venir



Orianne Papin

Je voudrais te dire 

l'odeur des oiseaux sous l'hiver 

les demi-tours pour embrasser encore 

les bulbes de tulipes qui fendront le jardin

le tourne-disques qu'on avait cru cassé 

nos sourires après les colères

les pas jusqu'au passant pour lui rendre ce qu'il perd

la porte qui claque, ton amour qui revient 

nos malades en rémission 

le matin infaillible

les braises 

les deuxièmes chances 


 

que j'aime 

oh oui que j'aime 

les faux départs. 

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Thierry Pérémarti
 

La bouche muette

       échappée du tumulte

de la foule

       et de la course éperdue au futur

 

ne veut plus se taire !

 

déjà l’entends-tu ?

       qui mime le refus

et tisse à présent

       ce qui sauvera 

 

— la terre —

 

libérée de l’aveuglement funeste

       dorénavant hors-jeu    

 

la bouche muette n’est plus

       encordée au silence collectif

 

prouesse inespérée

       au nouveau rythme de nos corps



Coralie Poch

​on avait pelé les dernières oranges
enfoui leur lumière dans nos poches
nos ombres étaient encore blanches sur la neige
et nos coeurs s’échappaient vers nos rêves
le matin s’ouvrait doucement
comme on tire la fermeture éclair d’une tente plantée au bord du monde 

on avait des oiseaux dans le corps et des gestes de loups
on savait que les sommets allaient nous sauver
nous rendre la beauté intacte
et l’absolu de nos vies
on avait choisi de jeter nos corps dans la montagne
et l’ascension c’était pas pour la prouesse
c’était pour nous-mêmes

pour échapper aux détails, aux détours
qui se collaient chaque matin sur nous comme des post-it

et nous envoyaient ailleurs
on voulait foncer droit vers nous-mêmes
comme des flèches, des élans, des faucons
et n’avoir rien à faire d’autre que vivre, éblouis
on voulait jeter nos montres et le temps qui découpaient nos jours en 

tranches
alors on a mis nos costumes d’animaux
nos combinaisons en lycra scintillantes
et nos chaussettes de laine
on s’est encordés à nos âmes, à ce qu’on avait de plus pur en nous
et on a suivi les pentes sauvages
on s’est guidés sans cartes et parfois on a couru sans savoir
ni où ni pourquoi
entre les mélèzes et les rivières
la vie est devenue simple
les trésors étaient réels :
la plume d’un pic épeiche
le plongeon d’un cincle
remplissaient nos yeux et nos journées
les paysages scintillaient en nous
et on scintillait dans les paysages

on était sur la première marche de nos vies 

on avait le monde en absolu
en panoramique
tout était plus grand

on sentait quelque chose d’immense 

nous traverser
on était redevenus
vivants

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
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Grégory Rateau

 

Marchons d'arrache-pied

Pour conjurer l'hydre du temps

Dans l'attente du grand basculement.

La terre se fracture sous des semelles en partance

La goutte suppure des climatisations aux abois.

Au loin des villes jumelées, 

Un faux départ ;

Les corps en fuite piétinent leurs derniers commandements.

Une danse bien vaine

Quand on sait que le cosmos

Dans sa noirceur

Nous éloigne du bleu soupirail,

Des îlots qui habillaient autrefois le ciel.

 

*


Enfant de la nuit il veille
Traverse la ville ivre de songes ;
Un champion pour ses frères
Un maudit pour sa famille.
L'obscurité est son supplice
Pourtant il s’y glisse un peu plus,
Se recueille devant des monuments mal éclairés,
Hante ces places orphelines,
Et dans l'attente que l'aube redonne formes aux présences,
Débute un monologue désespéré,
Juste avant que la lumière ne l'aveugle.

 

*

 

Gardien de phare 

Au ventre repu 

Des amours indigestes. 

Aux bottes usées 

Rongées de coquillages 

En corolle sous ses semelles ;

Ayant rompu toute connexion 

Avec le monde et ses agitations 

Pour des échappées fantômes.

Ce même ressac 

Jusqu'à la nausée 

Puis le calme en surface, 

L'aiguille arrêtée 

Sur ce présent concentré 

Et la houle ondulant au fond des tripes.

Clara Regy
 

Adrénaline était une belle fille

pas collective pour deux sous

ni pour trois d’ailleurs

sauf quand apparaissait

son champion

 

elle aurait bien voulu

aller aux oranges avec lui

mais le capitaine de l’équipe de Ronaldo

veillait au grain

-pas de fille dans le vestiaire des garçons

 

Adrénaline rêvait seulement de lui donner un tout petit bisou

elle restait cependant hors-jeu

de faux-départ en faux-départ

son mental commençait à flancher

 

un beau jour qu’elle pleurait comme une madeleine

la fée Prouesse apparut et toute émue, lui dit 

-fais un voeu et tu seras exhaussée

-je voudrais donner un tout petit bisou à Ronaldo

abracadabra abracadeuxbras 

Prouesse transforma Adrénaline en petite mouche

 

Adrénaline ZZZ ZZZ voleta jusqu’aux vestiaires

se posa sur la joue de Ronaldo 

joua des pattes comme d’une bouche

Ronaldo d’un geste énervé voulut l’écraser

imaginez combien fut belle l’échappée de la demoiselle 

 

Prouesse l’acclama 

ZZZ ZZZ redevint Adrénaline

mais

sur la joue de Ronaldo

elle avait eu le temps de déposer

un jolie grain de bonté ! 

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Richard Rognet


 

Aller aux oranges,

comme on va aux soleils, 

aux amours, aux étoiles -

j'ai cru à cette échappée,

 

ô cette brusque flambée 

d'adrénaline, d'inconnu !

 

J'ai cru pouvoir m'encorder 

au collectif salut, 

mais ce ne fut que faux départ, 

prouesse diffuse, imaginée,

 

je reste hors-jeu, sans cesse, 

champion d'un corps à corps mental 

porteur d'illusions, de rages, de regrets, 

alors qu'il m'eût fallu aller 

chair contre chair, sang contre sang.

 

*

 

Et nous voilà serrés 

contre la peau blême 

du soir, et nous voilà

 

tremblants devant 

les caresses qui cherchaient 

un passage dans les profondeurs 

de l'oubli, cet oubli

 

où s'étaient perdus 

nos sourires et nos regards - 

ô qu'elle demeure infinie 

la tendresse nouvelle !

 

qu'elle soit paix, 

tiédeur de la terre,

échappée, prouesse, lumière !

 

Et nous voici chez nous, 

offrande originelle, 

nouveau monde 

à l'orée d'octobre.


James Sacré

Adrénaline  & Co

 

Adrénaline mon cul

Qu’elle aurait dit Zazie

Dans belle échappée de langue

Et prouesse d’écritu-

Re. Hors-jeu qu’elle a cri-

É.  Aux oranges ou aux mangues

C’est toujours faux-départ, as-tu

Cru être champi-

On voit ton mental qui tangue :

S’encorder serait prudent, plus

Sûr en jouant collecti-

F, tous dans la même cangue.


 

Florence Saint-Roch

tu peux toujours

 

tu peux toujours courir

comment rattraper

 

tes mains battent l’air

ton sang voudrait pulser

serais-tu fatigué

 

venue du dehors

l’injonction se répète

surtout aller plus loin

avancer plus vite

désirable l’échappée

 

tu fais la sourde oreille

en toi seules

les minutes perdues

les heures passées poudre

l’urgence d’embrasser

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Pauline Sauveur

adrénaline de la course aux champignons

à pas légers dans les buissons

tu chuchotes : pas de bruit

tu me dis : ils se cacheraient sinon

tu suis le sentier qui serpente

dans les bois tu inventes

des détours entre

les ronces et les pierres

le lierre et les troncs

pas de bruit

mais soudain

oh ! regarde !

en voilà un beau !

et j'approche mon seau 

(en plastique)

orange et pratique

 

 *

 

dans la nuit qui dévale

la voiture rouge roule

à l'arrière je veille

échappée irréelle

des lucioles de la ville


 

Jean-Marc Sourdillon

 

Tirer son épingle du jeu

 

Toute sa vie ce qu’il a voulu

c’est atteindre l’instant du hors-jeu,

juste l’élan qui nous fait franchir la ligne

- son suspens dans le coup strident du sifflet.

Alors tout s’arrête, disait-il,

et tu deviens 

le ballon

s’élevant 

dans l’espace


 

Maud Thiria

nu à nu dans la mêlée

 

tu es une échappée tu le sais bien au fond

échappée du bocal

échappée du terrier

échappée rescapée de ce qui te retient

le bancal t’appartient et tous ceux décalés 

de ton espèce espace mental démantelé

les dérangés les défaits les démembrés

ceux qui s’encordent par ponts de chair

leurs ligaments d’argile sur une terre délabrée

connus seuls reconnus par un complément d’âme

de cette âme brisée de cette cloche fêlée

ceux nés d’un faux départ à sans cesse dépasser 

dans le surcroît des heures

un hors-jeu de la vie

un hors-soi un hors-sol 

solitaires échappés dansant leur corps à corps

nu à nu réunis dans la mêlée

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14

Milène Tournier

 

J’ai créé le langage avec mon corps pendant 25 kilomètres aujourd’hui

 

A noir, e blanc, i rouge, u vert, o bleu, 

J’ai créé le langage avec mon corps pendant 25 kilomètres aujourd’hui

Le langage, la maison qui n'existe pas, mais qu'on voit tous.

Langage, l'immeuble enflammé.

Les mille faux départ ont essoufflé pour vrai les cent poitrines.

Le un par un des mots de l'enfance, qui tombaient sur les choses 

Le ciel avait des airs de jeune homme débraillé

Qui vient déjeuner chez sa mère où tout sent bon, sent vieux et bon.

Langage, de grand-organiser bazar.

Et mettre mêmes chaussures aux pieds différents.

Les panneaux d'affichage de gare avaient des airs de paniers de baskets.

Langage, un bail des baux. Des baux aussi dans le désert.

L'amour a disparu.

Je marche je cherche.

C'est un trou de verdure.

Un trou collectif. 

Langage, dire chaise, dire oiseau.

Et être le point fixe du roulis.

La corneille avait des airs acharnés.

Le langage sa portée infinie, de chiots qui font des chiots.

Et visage, le trait d'un seul trait que seul un psychopathe peut tracer.

Les nuages avaient des airs de sac de ciment.

Et les porcelaines, des airs de camions.

Le Père Noël photographiait l'été.

Les lèvres veulent quelque chose des pierres.

La dame devant moi recopiait le dragon. Et je recopiais la dame.

Je marche, ça sert à marcher.

Langage, la trace enthousiaste.

D'y écrire et d'y vivre.

D'y écrire et d'y vivre.

Je marche, je ne veux jamais être piégée.

 

https://www.youtube.com/watch?v=LTfnXDUeFhI


Charley Val

 

Dans un état d’intense chaleur,

on lutte dans les draps de l'insomnie.

Le coeur panique à bout de course.

 

Étrangement

la crainte d’être hors-jeu

ou de ne pas connaître les jours heureux

ne traverse plus mon esprit qui voyage alors

de manière tentaculaire.

 

Seule la lenteur des nuits

court comme un jeune soleil

qui s’échappe d’un taureau d’airain.

 

Dans une profonde vallée épineuse

encombrée d’une masse de feuillages translucides

soudain d'une façon ineffable la fièvre est tombée

car je sais que le ciel peut être clément.

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
00:00 / 00:14
À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
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Adeline Yzac

 

c'est grande prouesse

belle échappée

et joie non feinte

que d'aller aux oronges

il suffit de courir

vers les grands bois

à deux pas de ma maison

il suffit de s'encorder

aux mots du chemin

et voici les belles

toutes en jambes

danseuses 

au ciel de la bouche


 

Mary-Laure Zoss

décembre




 

ici monter raide 

 

vers le premier rural ;

 

passé le contour,

 

verglas, souillures grasses  - purin ou huile de moteur ; 

 

au vent et à la neige 

 

bâches, caisses vides ;

 

le tout-venant agricole garé sur les bords ;



 

d’un coup s’éclairent 

 

- un tube led au fond, sous la charpente galvanisée, 

 

les parois de paille ;

 

s’y enclot,

 

fruit de lumière safran,  

 

le crépuscule d’hiver

 

qu’on se presse de cueillir ;



 

échappée d’un jour dans l’odeur du foin,

 

la buée des lucarnes et

 

le mufle des bêtes 

 

- ici bien réel le souffle du monde

À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
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À VENIR... TRÈS BIENTÔT !
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