POÉCLIC 2024 - Au rythme de nos corps
POÉCLIC 2024...
des "poèmes offerts"
au rythme de nos corps
Une soixantaine de poètes, sensibles à l’esprit de notre opération et enthousiasmés par le travail réalisé avec nos élèves, ont, pour la quatrième fois, répondu à notre appel et écrit, spécialement pour eux entre un et dix poèmes respectant l'habituelle contrainte de notre opération : intégrer, dans le texte, au moins l’un des dix mots « au rythme de nos corps » :
adrénaline, échappée, prouesse, hors-jeu, aller aux oranges,
faux-départ, champion, mental, s’encorder, collectif
Tous les poèmes offerts sont des inédits écrits spécialement pour les élèves des lycées français d'Amérique latine rythme sud et d'Europe du Sud-Est.
Un magnifique cadeau et un corpus inédit pour découvrir la richesse de la poésie francophone d’aujourd’hui.
Découvrez ci-dessous l'anthologie
AU RYTHME DE NOS CORPS
60 POÈTES PAR-DELÀ OCÉANS ET CONTINENTS
et très prochainement, sur cette même page, les lectures expressives et commentaires
proposés par nos élèves pour chacun de ces poèmes.
Vous pouvez également télécharger l'anthologie au format PDF : CLIC CLIC...
Joëlle Abed
les chagrins s’enchaînent
la joie s’encorde
le bateau ne sait plus où donner du large
quand je passe près de l’un deux
mon regard lui caresse la coque
fouille cherche dans les algues vertes de son tirant d’eau
de quoi nourrir l’oiseau
qui plonge les chagrins dans la joie
la joie dans les chagrins
ainsi au petit d’homme
que l’on promène le long du fleuve
lui poussent des ailes aux yeux et à la corde
des pieds qui sautent
Marie Alloy
Est-il fugitif
ce temps délivré de soi ?
L’instant de plonger
retient notre respiration
Sous les mouvements du corps
̶ remuent nos transports
Entre les temps de pause
̶ revivent nos approches
Entre les jeux du hasard et du désir
nos efforts avec ou sans retour
pour nous encorder
comme à je ne sais quoi je ne sais qui
nous accorder à l’instant
̶ pour la prouesse peut-être pour la joie
d’une échappée merveilleuse
À force de courir à temps
ou de prendre un faux-départ
et perdre la partie
être hors-jeu
̶ qu’il est doux alors
de laisser filer les prouesses
comme promesses au vent
au rythme de nos corps !
Jacques Ancet
PASSAGE DE LA NAGEUSE
Elle a la mouette, le vol qui passe,
l’arbre et ses signes, le battement,
l’espace bleu, l’ordre du souffle,
elle a comme un long voyage. Elle a
la lenteur, le temps perdu, gagné,
le vertige des gouttes, le nombre
qui s’ajoute au nombre, l’échappée
soudaine. Elle a ce qu’elle n’a pas.
Silvaine Arabo
Le rougoiement des éclats fait naître les matins clairs
La poudre du jour
les disperse
Année-lumière de l’avant-jour
Échappée belle dans le hors-jeu
Instant où le temps se fait démesure
Beauté radiante que tisse la lumière
Transparence où air et eau semblent s’unir
Incarnats
sur les turbulences de la chair.
*
Concerto pour un soupir
Quel rire soudain perce le crépuscule ?
À la croisée des chemins
Quelle musique de là-bas ?
Sur la pointe des pieds l’enfance
La mer
Un déchirement bleu s’encorde
Sur les derniers oiseaux d’octobre
Portes secrètes
Dans l’air transparent des jardins.
Les poèmes sont présentés par ordre alphabétique des noms de leurs auteur.e.s.
Pour plus d'informations sur les auteur.e.s rendez-vous sur la page POÈTES PARTENAIRES...
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Alexis Bardini
Quand des enfants inquiets
Bâtissent des royaumes
Là juste là sous mes yeux en vacances
Guidés par le désir ou par l’adrénaline
Ils ont le rouge au ventre
Et le front silencieux
De ceux qui vont commettre
Sur des fautes de jeu
Des prouesses sans parole
Pour une gloire ou bien pour vivre
Un instant comme un dieu
Samantha Barendson
Je nage
l’adrénaline emplit mon corps à chaque brasse
l’air me manque, j’avance dans une pluie horizontale
Je nage
au milieu des champions, des nageurs papillons
j’avance au rythme mien, celui des nuages dans le ciel
Je nage
j’avance vers une rive certaine, à l’aller comme au retour
il me faudrait un mental d’acier pour oser la nage en pleine mer
Je nage
j’oublie le collectif, il n’y a que moi et les éléments
l’eau du grand bain, le ciel et la caresse du vent, parfois la neige
Je nage
mon unique prouesse est de nager un kilomètre – mille mètres
que je décompose en tranches de 25 mètres, mathématique de l’eau
Je nage
parfois freinée par un faux-départ, une crampe, une gorgée imprévue
le liquide ami devenu ennemi le temps d’une parenthèse où je pourrais me noyer
Je nage
échappée du rythme infernal du quotidien professionnel, pause-déjeuner
j’oublie de manger, j’avale un à un les mouvements qui nourrissent mes muscles
Je nage
pas de mi-temps pour aller aux oranges, le kilomètre se nage en une seule fois
brasse après brasse jusqu’à l’épuisement des vitamines et des minéraux du corps humide
Je nage
parfois je voudrais m’encorder à l’autre rive, traverser les reflets bleus des mosaïques
accrochée à un élastique qui me ramènerait en une parfaite ligne droite d’écume blanche
Je nage
je joue contre moi-même, contre la montre parfois, contre les autres nageurs hors-jeu
qui n’en savent rien et m’ignorent, je nage, je nage, je nage et jamais je ne coule
Jean-Marc Barrier
jus de ciel
mon ventre encore novice
trop de bleu pour un seul corps
et de tout ce bleu embrassé
la prouesse de nos adrénalines
mes doigts sur l’air
sans l’arrêt de ta peau
*
je penche vers les eaux
tu penches vers les sables
deux herbes deux ombres qui tremblent
et le mât du soleil debout
sur nos coeurs apprentis
l'échappée belle où la nuit prolifère
Stéphane Bataillon
Aller aux oranges
En rentrant chaque soir
je me sens toujours un peu
hors-jeu
seul le jus de fruits
que tu presses chaque matin
peut me remettre en selle
vers la nouvelle mi-temps
du reste de ma vie.
*
Endurance
Soutenir ton regard
face aux bris de confiance
pas d’échappée possible.
*
Les exploits
Au cœur de ma forêt
il y a toutes ces prouesses
que j’accomplis pour toi
mais toujours impossible
de te les reproduire
par quel sortilège ?
*
Capacité
Fortifier le mental
pour tenter la victoire
au risque d’affaiblir
l’intuition première.
*
Témoin
Sentir l’adrénaline
accompagner la course
se dire que peut-être
nous pourrions la garder
qu’il suffirait d’un signe
au passage de témoin.
*
Lutte
Corps à corps
sans répit
mais pourrais-je seulement
m’encorder à ton âme ?
*
L’esprit d’équipe
« Il faut jouer collectif !»
s’écrie le manager
avant d’humilier
chaque gréviste
un par un.
*
L’élan
Ce matin
j’ai envie
de dévorer le monde
mais l’eau glacée
me douche
-- faux-départ.
*
Sur le podium
Nous sommes tous les champions
de nos rêves
inaboutis.
Albertine Benedetto
Vite la vie tout vite
à bras le corps
sans faux-départ
une échappée vers
l’éternité de chaque instant
nous sommes les fous sacrés
de la vie dans tous ses états
champions anonymes
d’une course contre la mort
hors jeu la mort hors champ
ici et maintenant nous nous encordons
pour franchir avec nos rires
les murs qui nous divisent
nos prouesses sont le partage et la tendresse
pour tout ce qui vit
Marilyne Bertoncini
Une Corde sans fin
Beaucoup de mots contiennent une corde :
On s’accorde et on s’encorde,
c’est la concorde ou la discorde :
Miséricorde !!!
Si on tressait bout à bout toutes ces cordes qu’on prononce -
Cordelette et cordon,
Cordage et corde raide,
Et les cordes vocales,
Les cordes de son arc…
On obtiendrait un long filin
Qui ferait le tour du monde,
Un cable pour atteindre le ciel et les étoiles,
Un lien pour tous les humains…
Si on tressait bout à bout toutes ces cordes :
Chiche ?
Clément Bollenot
Au matin le ciel est blanc et tout est blanc d’ailleurs
autour des arbres qui vagabondent entre nos corps
échoués là par hasard
à bout de souffle
hors jeu
Poumons, ventres, tensions, rythme cardiaque
nous respirons
trop vite
nous respirons trop fort
nous devons
reprendre pied
écouter l’échappée des chants du vivant à l’orée des forêts
ralentir
Nos coeurs s’encordent
boum boum boum boum
les pulsations cherchent l’équilibre
boum boum boum boum
quelque part entre faux-départs et premières étoiles
boum boum big bang
on attend l’heure la plus froide du jour
celle qui recoud nos cicatrices
régénère nos peaux taguées par la vie
Yves-Jacques Bouin
L’amour des mots : le regard
L’amour de la parole : la gorge
L’amour de l’écriture : la main
L’amour des sons : le cœur de l’émotion
L’amour de la poésie : l’échappée
*
Écouter les mots comme
la plus pénétrante des mélodies
Goûter les mots comme
le plus succulent des mets
Admirer les mots comme
le plus souriant des visages
Accueillir les mots comme
la plus intime des caresses
Comprendre les mots comme
la plus sidérante des énigmes
Quand le sens encorde au corps les instants fragiles de la vie
Julien Bucci
Par défaut : faux départ
10
course de fond
9
à partir de
8
mots en verlan
7
faux-départ
6
ou fait réel
5
la coupure
4
et souffle et
3
coup de pompe
2
encore elle refait,
mêmes gestes
1
fond de course
2
deux tirs, pars à
3
l'envers en mots
4
par défaut
5
elle refait ou
6
pur coup là
7
essoufflée
8
pompe deux coups
9
faits réels, corps en
gestes mêmes
10
Ce poème est basé sur une structure palindromique non pas lettres à lettres mais syllabes à syllabes. Il s’agit de neuf vers redits deux fois : une fois à l'endroit, une fois à l'envers (ou plutôt en verlan). Le mot palindrome est emprunté au grec palindromos qui signifie « qui court en sens inverse ».
Luminitza C. Tigirlas
Le corps de la flûtiste est invisible
les sons portent ses lèvres
à travers la haie entre nous :
la passiflore déplie ses lianes
veut s’encorder avec mon ouïe
Hors-jeu la flûte me transporte,
me rappelle aux mânes célestes
—aux bons esprits des ancêtres—
ils me soufflent le mot flûtomâne
je ris à leur prouesse verbale
Âme échappée à un faux-départ,
la voisine matutinale
pince ce jour les cordes d’un ukulélé
le dieu Pan s’instruit à son tour
Valérie Canat de Chizy
mon échappée
du dimanche matin
ne requiert nulle prouesse
juste une poussée d'adrénaline
pour retrouver les quais du Rhône
à petites foulées
les arbres du parc les écureuils
les poules d'eau les oies
les canards au bord du lac
une bulle d'air
pour lâcher le mental
Judith Chavanne
À J. et P.
Si peu souvent encore, ils sortent de leur vie,
de leur quartier, pavillons rangés
entre des rues perpendiculaires,
de leur jardinet : lierre
et arbres qui tiennent serrée entre ses murs
la maison de presque toujours.
La mer ne les appelle plus, ni les mouettes
dont ils entendent pourtant encore le cri
mais elle bruit en eux, la mer, mais ils ont les livres
et la fleur familière bien qu’inconnue
qui perce le bitume.
Désirent-ils autre ailleurs, autre échappée,
si proches de mourir, que ces instants
où l’intuition de la vie s’approfondit ?
François Coudray
s’encorder à l’image ?
s’en échapper ?
la traverser
laisser l’air glacial l’adrénaline
couler en moi
veine où
s’élancer dans la pente
attaquer la pente
vaincre la pente sans répit
la chevaucher faire
corps
avec la pente
la terre la roche le tapis
des herbes sous la neige
la neige muscles souffle muscles lui
répondre
et la trace
n’est que trace traversé le poème
s’efface
Ariane Dreyfus
HORIZON
J’efface ma vie. Je l’ai toujours effacée.
La page est toute blanche parce qu’elle a disparu
Pour l’instant je n’y vais pas.
Une femme me dépasse pour s’approcher de la mer
Bras nus et simple tee-shirt, elle tourne et retourne ses poignets
Ouvre et referme ses mains qui vont la porter
Bientôt suspendue
Trapèze jamais vu, un arc d’acier posé sur la falaise s’étire
Vers le ciel empli de nuages
Elle y monte par une corde qui retombe en boucles sur l’herbe
À six mètres de haut elle se lâche à moitié
Belle courbe de la tige, comme si, accrochée d’une seule main
Elle pesait plus lourd
Le bras s’étire en gravité, en pliant un genou
Tout le corps tourne à 180 degrés, lentement le souffle
Fait durer la force des doigts serrés
Corps qui bouge très lentement, pour le sentir au-dedans
Elle est
Presque aussi pensive que la tour ancienne trouée par endroits
À côté d’elle, mentale
Ne suffit-il pas ?
Un souffle de vent a le temps de passer
Puis l’autre main, celle qui est libre et fragile,
Tend l’index pour toucher la ligne blanche jamais perdue
La reprendre à pleines mains, se hissant
Regarder ce qu’on revoit
Puis le quitter encore, insensiblement basculer en arrière,
Pieds se posent quelques secondes, puis touchent l’air,
Le ventre se contracte et les jambes s’élèvent
Étreignant le métal résistent au poids
D’une tête humaine, paupières tressaillent
Elle laisse pendre tout son corps
Suspendue dans le vide et en vie
Tenir, le temps que le visage reçoive
Autant l’air que la pensée
Les mains ont lâché ce qu’elles serraient si fort
La peau des joues se déplace, le tissu s’écarte de son buste
Encore le vent même si personne ne veut s’envoler de là
Peu à peu les cuisses se tiennent seules sur la ligne
La douleur est un appui qu’elle reconnaît, les bras
S’ouvrent petit à petit, sensibles balanciers
Maintenant ses muscles la dessinent toute
Après la marée descendante un rocher immobile vient
De se réveiller et reste les yeux ouverts
Moi aussi je respire encore
Poème inspiré par la circassienne Chloé Moglia - Horizon - Par Chloé Moglia - KuB
Chantal Dupuy-Dunier
La poésie, échappée du langage quotidien,
s’élance vers un pays
où l’homme partagerait graines et sources,
notes de musique et couleurs,
étreintes et baisers,
où le mot « guerre » n’existerait plus,
où…
*
S’encorder pour ne pas se perdre,
pour que le chanvre oublie les pendaisons.
Un lien collectif créé pour gravir.
Sylvie Durbec
SUR UNE BRANCHE RESCAPÉE DU DÉSASTRE
Encordé de feuilles et de fleurs
champion du temps qui passe
j’ai croisé l’amandier ce matin
Ne me posez pas de question
sur le désastre en cours ni sur
les guerres du passé ou à venir
S'est échappée sa prouesse
son désir dans le pot à eau
s’est avivé avec la tendresse
Aucun faux-semblant ni détour
dans le désir de l’amandier dé-
pouillé d’une branche coupée
À se maintenir encore en vie
sur la table où l’enfant mange
parfois joue et parfois écrit
Étienne Faure
Dix secondes et cent mètres
Mental haut
Mental bas
Les bras et les jambes obéissent
Oh hisse
Jusqu'à la victoire.
Stéphanie Ferrat
l'échappée
que nous aimerions suivre
belle, dans la ligne
la folie des bleus
dans le contact
de la main allant vers la bouche
âme et pissenlits ensemble
encordés dans légèrement
Odile Fix
en amont de terres pâles
de bris d’herbes sèches
ceux-là courent
sur le fil cendré de l’horizon
irrigués de miels dans
la levée crépusculaire
si souple est
l’échappée de leurs corps
ils s’embrasent
en lisière d’un ciel nocturne
oscillent
une phrase lointaine
longuement
se consume
Gaëlle Fonlupt
Hors-je
Dans ta bouche j'ai bu l’amer et c’est déjà
la sentence trop douce du petit jour
ta façon d'essuyer ce que ton ombre a dit
c’était comme ça les murs épais c’était
peut-être tu ne vois pas le drap très rouge
ventre défait tu m’encordes à ton oubli
la main voudrait : l’échappée
un verger bleu
la porte sourde
aller aux oranges des premières nuits
Romain Fustier
mental
un pont sentimental
de retour
dans ce passé
où le lièvre abondait
mon père venait enfant
je suis le dernier
à pouvoir
savoir
des choses
que je ne sais pas
Albane Gellé
Larmes de lion tout à l'heure
viens, on va ouvrir la fenêtre
ça ne dérangera personne
et un peu de sagesse peut-être
entrera. Puis doucement,
on s'encordera, on tentera
une échappée.
Réginald Gaillard
Au long, rivière échappée, sortie
de son cours trop sage— comme
seins hors de leur corsage,
rivière échappée, enfouie, disparue
sous terre, quand un homme cherche —
en tout hors des usages, des tractations —
homme cherchant, ultime prouesse,
à s’encorder à l’invisible,
cruel invisible, crocs plantés
dans les jarrets du destin.
J’ai porté à la bouche de cet homme perdu
une éponge gorgée d’un jus d’oranges,
cueillies dans le jardin de mon enfance amère
gardé jalousement par trois cerbères ,
mis hors-jeu par trop de tendresse,
endormis par le soleil,
adoucis par notre amour
attendris par notre paix.
Élisabeth Granjon
Une larme tiède
s'échappe de douceur
s'effondre dans mon cou
dévale sur ma peau
C'était juste un faux départ
Je ne pleure plus
Avec ardeur je peins
sur mon visage consolé
une victoire pour demain
Luce Guilbaud
1.
Au hand- ball tu es champion
tu sautes tu cours tu fais des bonds
pour attraper le ballon
lancer le ballon
défendre le ballon
tu t’entraînes pour décrocher la lune
on te bouscule c’est sans rancune
bientôt tu feras la UNE !
2.
La montagne est belle
et je marche d’un bon pas
une marmotte me siffle au passage
j’avance je grimpe entre les anémones
j’irai plus haut
jusqu’au bleu des gentianes
jusqu’au sommet
et sur le col quelle prouesse !
je déploierai mes ailes
et je volerai parmi les choucas.
3.
Partir à dos de vague
sur un bateau à voile
partir pour une échappée
à tire d’aile à vol de nuit
à papillon léger
partir pour l’étoile au grand cœur
épinglée sur mon oreiller
partir sans bagage
en tournant la page.
4.
Je suis une fugueuse de nuit
sur l’encolure du vent
j’ouvre une échappée entre les nuages
et je récolte les rêves éparpillés
dans le bleu de nuit
quand je traverse la fenêtre
je n’ai plus d’âge
petite fille ou vieille femme
rien ne m’arrête la nuit est double
sans envers ni endroit
les bras ouverts je vais
vers l’au-delà de moi
où je sais que tu m’attends.
Georges Guillain
TE METTRE À ÉCRIRE UN PETIT POÈME
faire un poème petit plus grand n’est ni plus facile
ni plus difficile que de faire un poème grand plus petit
Pascale Petit, Construction d’un igloo, 2023.
tu vas écrire ce poème
pour t’amuser avec les mots
ces dix serrés sur le podium
comme un amas de champi(gn)ons
et témoigner ainsi qu’écrire
est le propre de l’homme
pourtant pas de pression
aucune adrénaline
pas besoin d’être un crack
ni premier en français
d’avoir mental d’acier
d’être même inspiré
si prouesse il y a
elle ne sera pas
d’emprisonner les mots
dans d’obscures pensées
mais de les libérer
suivre leur échappée
mieux les imaginer
vive les faux-départs
tu peux tout transformer
barrer recommencer
t’en remettre au hasard
écouter le parlage
des sons et des images
tes lettres font équipe
et jouent un rôle actif
au sein du collectif
tes vers entre eux s’encordent
tu dois rester sensible
à leurs liens invisibles
enfin pas de hors-jeu
les règles ça se change
et même quand on veut
on peut y mettre un terme
ou bien dix si c’est mieux
comme dans ce poème
- c’est l’heure de manger -
qui ramasse dans l’herbe où ils seront tombés
ces globes parfumés au pied de l’oranger
Sabine Huynh
En temps de guerre
En temps de guerre on découvre
Qui sont les champions au fond
Qui est dénué de colonne vertébrale
Qui est doté d’une boussole morale
En temps de guerre on cherche
Les chevaux sauvages avec qui courir
Les amis avec qui rêver d’oranges
Les poètes avec qui créer des langues
En temps de guerre on retrouve
Son souffle dans la poésie sombre
Ses yeux dans les échappées d’horizon
Sa mémoire dans les poèmes à forme fixe
En temps de guerre on s’encorde
Aux prouesses des collectifs de Justes
Aux noms et aux vies des disparus
Aux aubes qui enfantent des chants d’amour
Anna Jouy
Place vide, ne tente rien
N’encorde rien
Ni mon cœur, ni mon corps
Place vide,
Ne m’attache pas
C’en est trop de ces faux-départs
Le rêve m’échappe et tu me retiens
Petites morts des choses
Du lit, des bagues, des roses
De ficelles
D’un vent trop léger pour des prouesses
D’élans d’éveils
Amples, vifs
De sursis
Place vide, laisse-toi prendre
Au silence d’une main
Devenue si absente
Qu’à toi elle ressemble
*
La main se tend
Je prends le relais
C'est à moi d'écrire l'avenir
Je m'échappe, je rêve
En corps
M'élancer, m'étirer
Courser le lievre des sursis
La main ne donne jamais
De faux départs
Elle garde la prouesse
Du nuage
Un exploit tendre
Dans mon effort
Claire Lajus
Le réveil de l’eau
dans la cour
un chat penché
il boit
sa toute petite langue va et vient
la surface de l’eau tremble puis ondoie
des ronds s’étirent et
glissent jusqu’aux bords
l’eau sombre se réveille
le corps vibrant
s’éclaire
plus elle frémit plus elle s’approfondit
les ronds se multiplient
deviennent plus grands
l’eau se souvient
elle pourrait être lac
elle pourrait être delta
ou même estuaire
ignorant sa prouesse
le chat relève la tête s’éloigne
déjà la flaque s’est rendormie
LAJUS-2deB-ISTANBUL
Cédric Le Penven
Ce matin 5 février 2024 est un faux-départ.
La nuit a été blanchie par plusieurs incursions de notre fils dans le lit, parce que sa barque prend l’eau. Sa peau cherche notre peau, et ce n’est qu’encordés les uns aux autres que nous trouvons enfin le sommeil, juste avant la détonation du réveil.
Ouvrir les yeux, sortir du lit, trouver un pantalon et toute une journée en déséquilibre, à chuter sans tomber, sans jamais s’y ajuster, voilà notre prouesse aujourd’hui.
Personne pour nous applaudir, et pourtant…
Nous sommes des spécialistes du hors-jeu.
Nous sommes des champions ordinaires.
Isabelle Lévesque
Hors-jeu, la perte
Balle filée entre nos jambes,
elle glisse, l’échappée finale
au rang de jeu nouveau.
Encorde-toi sévère
au lien de ton équipe
sans perte de vitesse.
Le corps épuisé de course
passera le relais
(prouesse du coeur).
Béatrice Machet
confession d’un guépard
le comble de l’impair
ce jour-là
fut de faire un faux-pas
imaginez la scène :
elle me gazelle un œil inquiet
je titube
elle bondit la voilà échappée
au final : match nul plus une débauche d’adrénaline bien inutile !
____________________________________________________________________
Amandine Marembert
potagers recouverts de neige
le long des rails
tas de bois empilés
isolés à flanc de montagne
le linge sèche d’un vent ensoleillé
encordé
au-dessus de la neige
Samuel Martin-Boche
D’où viennent les poèmes
et nos corps
jetés trop tôt dans la course
on cherche en vain une direction
après le faux-départ
tu joues la vie hors-jeu
*
D’un trait d’union
l’un à l’autre encordés
les arbres
se sont mis à marcher
lentement mais les oiseaux
ont pris un faux-départ
s’enfuient avant
le premier coup de feu
du poème
Cédric Merland
Trois poèmes
Un peu
après la nuit
le réveil
quitter la ville sans crainte d'un faux-départ
*
alors les corps malgré tout l'épuisement
se reprend et oublie faux-départs faux-espoirs faux-semblants
L'échappée
au coeur
une nouvelle fois
*
on ne sait pas
on ne sait pas
l'échappée
dans l'absence
le coeur lourd
au bord des nuits
ces faux-départs de l'adolescence jusqu'à retrouver
les heures perdues
Simone Molina
ainsi
avons nous tissé nos vies
dans le creux de l'Histoire
au-delà des frontières
nous n'imaginions
ni le vent froissant nos visages
ni l'échappée du rire
ni même un retour
patiemment
avons nous tressé
les brins du rêve
filaments de lumières
corde pour un rappel
un jour de prouesse vive
nous avons inventé un exil
comme on va aux oranges
désormais
où que nous soyons
une autre terre nous traverse
un autre ciel nous attend
alors
nous sommes devenus
des oiseaux
Guylaine Monnier
Quand je serai grande
j’aurai un rêve ou deux
Je prendrai le second
et le mettrai
hors de portée
du premier
1er
le guetter par la fenêtre
(film ou conte — intérieur jour ou nuit)
2e
monter des chevaux
pour être le grand galop
(échappée — extérieur jour ou nuit)
*
faux-départ, rencontrer des marelles, sauter au ciel
gravir des échelles d’allumettes
et atteindre le petit bois
*
Quand tu dis j’ai le droit de chanter
quand tu tapes et sautes
tu parles de carrosses et de sorcières
tu rigoles par la fenêtre, des grelots dégringolent
tu montres en bas l’herbe touffue sous les orteils
prouesse, tous tes pas à venir
Orianne Papin
Je voudrais te dire
l'odeur des oiseaux sous l'hiver
les demi-tours pour embrasser encore
les bulbes de tulipes qui fendront le jardin
le tourne-disques qu'on avait cru cassé
nos sourires après les colères
les pas jusqu'au passant pour lui rendre ce qu'il perd
la porte qui claque, ton amour qui revient
nos malades en rémission
le matin infaillible
les braises
les deuxièmes chances
que j'aime
oh oui que j'aime
les faux départs.
Thierry Pérémarti
La bouche muette
échappée du tumulte
de la foule
et de la course éperdue au futur
ne veut plus se taire !
déjà l’entends-tu ?
qui mime le refus
et tisse à présent
ce qui sauvera
— la terre —
libérée de l’aveuglement funeste
dorénavant hors-jeu
la bouche muette n’est plus
encordée au silence collectif
prouesse inespérée
au nouveau rythme de nos corps
Coralie Poch
on avait pelé les dernières oranges
enfoui leur lumière dans nos poches
nos ombres étaient encore blanches sur la neige
et nos coeurs s’échappaient vers nos rêves
le matin s’ouvrait doucement
comme on tire la fermeture éclair d’une tente plantée au bord du monde
on avait des oiseaux dans le corps et des gestes de loups
on savait que les sommets allaient nous sauver
nous rendre la beauté intacte
et l’absolu de nos vies
on avait choisi de jeter nos corps dans la montagne
et l’ascension c’était pas pour la prouesse
c’était pour nous-mêmes
pour échapper aux détails, aux détours
qui se collaient chaque matin sur nous comme des post-it
et nous envoyaient ailleurs
on voulait foncer droit vers nous-mêmes
comme des flèches, des élans, des faucons
et n’avoir rien à faire d’autre que vivre, éblouis
on voulait jeter nos montres et le temps qui découpaient nos jours en
tranches
alors on a mis nos costumes d’animaux
nos combinaisons en lycra scintillantes
et nos chaussettes de laine
on s’est encordés à nos âmes, à ce qu’on avait de plus pur en nous
et on a suivi les pentes sauvages
on s’est guidés sans cartes et parfois on a couru sans savoir
ni où ni pourquoi
entre les mélèzes et les rivières
la vie est devenue simple
les trésors étaient réels :
la plume d’un pic épeiche
le plongeon d’un cincle
remplissaient nos yeux et nos journées
les paysages scintillaient en nous
et on scintillait dans les paysages
on était sur la première marche de nos vies
on avait le monde en absolu
en panoramique
tout était plus grand
on sentait quelque chose d’immense
nous traverser
on était redevenus
vivants
Grégory Rateau
Marchons d'arrache-pied
Pour conjurer l'hydre du temps
Dans l'attente du grand basculement.
La terre se fracture sous des semelles en partance
La goutte suppure des climatisations aux abois.
Au loin des villes jumelées,
Un faux départ ;
Les corps en fuite piétinent leurs derniers commandements.
Une danse bien vaine
Quand on sait que le cosmos
Dans sa noirceur
Nous éloigne du bleu soupirail,
Des îlots qui habillaient autrefois le ciel.
*
Enfant de la nuit il veille
Traverse la ville ivre de songes ;
Un champion pour ses frères
Un maudit pour sa famille.
L'obscurité est son supplice
Pourtant il s’y glisse un peu plus,
Se recueille devant des monuments mal éclairés,
Hante ces places orphelines,
Et dans l'attente que l'aube redonne formes aux présences,
Débute un monologue désespéré,
Juste avant que la lumière ne l'aveugle.
*
Gardien de phare
Au ventre repu
Des amours indigestes.
Aux bottes usées
Rongées de coquillages
En corolle sous ses semelles ;
Ayant rompu toute connexion
Avec le monde et ses agitations
Pour des échappées fantômes.
Ce même ressac
Jusqu'à la nausée
Puis le calme en surface,
L'aiguille arrêtée
Sur ce présent concentré
Et la houle ondulant au fond des tripes.
Clara Regy
Adrénaline était une belle fille
pas collective pour deux sous
ni pour trois d’ailleurs
sauf quand apparaissait
son champion
elle aurait bien voulu
aller aux oranges avec lui
mais le capitaine de l’équipe de Ronaldo
veillait au grain
-pas de fille dans le vestiaire des garçons
Adrénaline rêvait seulement de lui donner un tout petit bisou
elle restait cependant hors-jeu
de faux-départ en faux-départ
son mental commençait à flancher
un beau jour qu’elle pleurait comme une madeleine
la fée Prouesse apparut et toute émue, lui dit
-fais un voeu et tu seras exhaussée
-je voudrais donner un tout petit bisou à Ronaldo
abracadabra abracadeuxbras
Prouesse transforma Adrénaline en petite mouche
Adrénaline ZZZ ZZZ voleta jusqu’aux vestiaires
se posa sur la joue de Ronaldo
joua des pattes comme d’une bouche
Ronaldo d’un geste énervé voulut l’écraser
imaginez combien fut belle l’échappée de la demoiselle
Prouesse l’acclama
ZZZ ZZZ redevint Adrénaline
mais
sur la joue de Ronaldo
elle avait eu le temps de déposer
un jolie grain de bonté !
Richard Rognet
Aller aux oranges,
comme on va aux soleils,
aux amours, aux étoiles -
j'ai cru à cette échappée,
ô cette brusque flambée
d'adrénaline, d'inconnu !
J'ai cru pouvoir m'encorder
au collectif salut,
mais ce ne fut que faux départ,
prouesse diffuse, imaginée,
je reste hors-jeu, sans cesse,
champion d'un corps à corps mental
porteur d'illusions, de rages, de regrets,
alors qu'il m'eût fallu aller
chair contre chair, sang contre sang.
*
Et nous voilà serrés
contre la peau blême
du soir, et nous voilà
tremblants devant
les caresses qui cherchaient
un passage dans les profondeurs
de l'oubli, cet oubli
où s'étaient perdus
nos sourires et nos regards -
ô qu'elle demeure infinie
la tendresse nouvelle !
qu'elle soit paix,
tiédeur de la terre,
échappée, prouesse, lumière !
Et nous voici chez nous,
offrande originelle,
nouveau monde
à l'orée d'octobre.
James Sacré
Adrénaline & Co
Adrénaline mon cul
Qu’elle aurait dit Zazie
Dans belle échappée de langue
Et prouesse d’écritu-
Re. Hors-jeu qu’elle a cri-
É. Aux oranges ou aux mangues
C’est toujours faux-départ, as-tu
Cru être champi-
On voit ton mental qui tangue :
S’encorder serait prudent, plus
Sûr en jouant collecti-
F, tous dans la même cangue.
Florence Saint-Roch
tu peux toujours
tu peux toujours courir
comment rattraper
tes mains battent l’air
ton sang voudrait pulser
serais-tu fatigué
venue du dehors
l’injonction se répète
surtout aller plus loin
avancer plus vite
désirable l’échappée
tu fais la sourde oreille
en toi seules
les minutes perdues
les heures passées poudre
l’urgence d’embrasser
Pauline Sauveur
adrénaline de la course aux champignons
à pas légers dans les buissons
tu chuchotes : pas de bruit
tu me dis : ils se cacheraient sinon
tu suis le sentier qui serpente
dans les bois tu inventes
des détours entre
les ronces et les pierres
le lierre et les troncs
pas de bruit
mais soudain
oh ! regarde !
en voilà un beau !
et j'approche mon seau
(en plastique)
orange et pratique
*
dans la nuit qui dévale
la voiture rouge roule
à l'arrière je veille
échappée irréelle
des lucioles de la ville
Jean-Marc Sourdillon
Tirer son épingle du jeu
Toute sa vie ce qu’il a voulu
c’est atteindre l’instant du hors-jeu,
juste l’élan qui nous fait franchir la ligne
- son suspens dans le coup strident du sifflet.
Alors tout s’arrête, disait-il,
et tu deviens
le ballon
s’élevant
dans l’espace
Maud Thiria
nu à nu dans la mêlée
tu es une échappée tu le sais bien au fond
échappée du bocal
échappée du terrier
échappée rescapée de ce qui te retient
le bancal t’appartient et tous ceux décalés
de ton espèce espace mental démantelé
les dérangés les défaits les démembrés
ceux qui s’encordent par ponts de chair
leurs ligaments d’argile sur une terre délabrée
connus seuls reconnus par un complément d’âme
de cette âme brisée de cette cloche fêlée
ceux nés d’un faux départ à sans cesse dépasser
dans le surcroît des heures
un hors-jeu de la vie
un hors-soi un hors-sol
solitaires échappés dansant leur corps à corps
nu à nu réunis dans la mêlée
Milène Tournier
J’ai créé le langage avec mon corps pendant 25 kilomètres aujourd’hui
A noir, e blanc, i rouge, u vert, o bleu,
J’ai créé le langage avec mon corps pendant 25 kilomètres aujourd’hui
Le langage, la maison qui n'existe pas, mais qu'on voit tous.
Langage, l'immeuble enflammé.
Les mille faux départ ont essoufflé pour vrai les cent poitrines.
Le un par un des mots de l'enfance, qui tombaient sur les choses
Le ciel avait des airs de jeune homme débraillé
Qui vient déjeuner chez sa mère où tout sent bon, sent vieux et bon.
Langage, de grand-organiser bazar.
Et mettre mêmes chaussures aux pieds différents.
Les panneaux d'affichage de gare avaient des airs de paniers de baskets.
Langage, un bail des baux. Des baux aussi dans le désert.
L'amour a disparu.
Je marche je cherche.
C'est un trou de verdure.
Un trou collectif.
Langage, dire chaise, dire oiseau.
Et être le point fixe du roulis.
La corneille avait des airs acharnés.
Le langage sa portée infinie, de chiots qui font des chiots.
Et visage, le trait d'un seul trait que seul un psychopathe peut tracer.
Les nuages avaient des airs de sac de ciment.
Et les porcelaines, des airs de camions.
Le Père Noël photographiait l'été.
Les lèvres veulent quelque chose des pierres.
La dame devant moi recopiait le dragon. Et je recopiais la dame.
Je marche, ça sert à marcher.
Langage, la trace enthousiaste.
D'y écrire et d'y vivre.
D'y écrire et d'y vivre.
Je marche, je ne veux jamais être piégée.
https://www.youtube.com/watch?v=LTfnXDUeFhI
Charley Val
Dans un état d’intense chaleur,
on lutte dans les draps de l'insomnie.
Le coeur panique à bout de course.
Étrangement
la crainte d’être hors-jeu
ou de ne pas connaître les jours heureux
ne traverse plus mon esprit qui voyage alors
de manière tentaculaire.
Seule la lenteur des nuits
court comme un jeune soleil
qui s’échappe d’un taureau d’airain.
Dans une profonde vallée épineuse
encombrée d’une masse de feuillages translucides
soudain d'une façon ineffable la fièvre est tombée
car je sais que le ciel peut être clément.
Adeline Yzac
c'est grande prouesse
belle échappée
et joie non feinte
que d'aller aux oronges
il suffit de courir
vers les grands bois
à deux pas de ma maison
il suffit de s'encorder
aux mots du chemin
et voici les belles
toutes en jambes
danseuses
au ciel de la bouche
Mary-Laure Zoss
décembre
ici monter raide
vers le premier rural ;
passé le contour,
verglas, souillures grasses - purin ou huile de moteur ;
au vent et à la neige
bâches, caisses vides ;
le tout-venant agricole garé sur les bords ;
d’un coup s’éclairent
- un tube led au fond, sous la charpente galvanisée,
les parois de paille ;
s’y enclot,
fruit de lumière safran,
le crépuscule d’hiver
qu’on se presse de cueillir ;
échappée d’un jour dans l’odeur du foin,
la buée des lucarnes et
le mufle des bêtes
- ici bien réel le souffle du monde